Des fruits en bord de Seine Des fruits en bord de Seine
En Seine-Maritime, Claire et Pascal Crevel, cultivent quelques hectares de verger de pommes, poires, cerises et petits fruits rouges le long du fleuve.
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Le long de la route des fruits, au Mesnil-sous-Jumièges (Seine-Maritime) chez Pascal et Claire Crevel, installés en vallée de Seine, en aval de Rouen et à une encablure du Havre, il y a bien sûr eu des inondations ce printemps. Mais rien à voir avec la crue de 1999 qui faisait suite à une tempête hivernale. Néanmoins, début juin, la cave de leur maison, située à quelques mètres du lit du fleuve, était encore recouverte d’une pellicule d’eau de quelques millimètres.
« Chez nous, l’eau est arrivée par infiltration de la Seine dans le sol. C’est de l’eau propre ! », se réjouirait presque Pascal, tant il refuse de se plaindre alors que les médias ont diffusé des images de situations plus préoccupantes que la sienne en amont de Paris, et que certains voisins ont été plus durement touchés que lui.
Les producteurs exploitent 6 ha de verger de pommiers, poiriers, cerisiers et petits fruits dans un bourrelet alluvial de la Seine. Cette année, si la saison démarre mal, ce n’est pas tellement à cause des inondations, mais plutôt du fait d’un orage de grêle, de températures basses qui ont retardé d’environ deux semaines la maturation des premiers fruits rouges, et de l’excès de pluie qui a contribué à un éclatement des premières cerises.
« D’année en année, j’ai l’impression que le climat nous rend le travail plus difficile » , constate Claire. Les époux réfléchissent à investir dans des serres de pleine terre, « c’est une demande forte des clients d’avoir certains fruits rouges sur une période plus longue. » En revanche, ils ne souhaitent pas investir dans une installation hors sol.
Itinéraire balisé
Rive droite, exposés au sud et protégé des vents par les falaises de craie blanche réfléchissantes qui trahissent la naissance du pays de Caux, les producteurs exploitent un terroir bien particulier. « Nous bénéficions d’un microclimat favorable. Nous avons souvent de 1 à 2 °C de plus que le reste du département, détaille Pascal. La brume nocturne fréquente protège les vergers des gelées et favorise une bonne coloration des fruits. Nos parcelles sont constituées de 50 cm de limons calcaires fertiles. En dessous, le sol est, par contre, franchement hygromorphe car la Seine s’infiltre dans les failles de la roche et forme une nappe. » Les besoins en irrigation sont limités, et l’humidité toujours présente. Ce bourrelet alluvionnaire de la Seine a ainsi vu depuis des siècles pousser la vigne, puis des vergers sous l’égide des moines bénédictins à partir du XVIIe siècle.
La tradition se perpétue aujourd’hui avec une concentration, le long du fleuve, d’une trentaine de producteurs. Un itinéraire de découverte des producteurs est balisé et animé par le parc naturel régional des boucles de la Seine et la chambre d’agriculture. À la confluence de la célèbre route des Abbayes et de la route des chaumières, l’endroit est propice aux promenades des citadins venus de Rouen ou du Havre. Les producteurs y ont développé, depuis des années, la vente à la barrière. Quant à Pascal et Claire, ils ont aménagé un véritable local dédié à la vente.
« La route des fruits concentre moins de 1 % de la production nationale de pommes. Nous ne rivalisons pas avec les gros bassins de production. Pour nous en sortir, nous devons absolument nous orienter vers une meilleure valorisation de nos productions », souligne Claire Crevel. Cela implique aussi de trouver des méthodes de production adaptées et peu coûteuses.
Valoriser la production
Les époux ont adopté des variétés rustiques et résistantes, locales ou hybrides et ayant aussi plus de goût. Les producteurs ont banni la course au rendement et visent surtout à être autonomes en réduisant les achats d’intrants. Cela passe par une observation fine du verger et des auxiliaires. L’utilisation des acaricides a presque été éliminée, de même que la lutte chimique contre le carpocapse. La fertilisation minérale se limite à 30-40 unités d’azote par an.
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